Fondé en 2009, En Cohorte est un collectif de trois artistes professionnelles de la relève montréalaise : Ariane Boulet, Joannie Douville et Jessica Viau qui, suite à leur sortie d’école, ont chacune approfondi un aspect spécifique de la recherche du pouvoir du mouvement dansé. Ariane, en plongeant dans la richesse de la langue, poursuit présentement une maîtrise au cours de laquelle elle s’intéresse à l’identité théâtrale de l’interprète en danse. Joannie a quant à elle approfondi ses connaissances de thérapie par la danse grâce à un certificat en psychologie, Jessica se forme en mouvement physique pur, par l’acquisition de connaissance en anatomie du mouvement. La force du collectif En cohorte est d’aborder intimement une problématique personnelle, de manière à la transposer dans des projets artistiques communs inspirés de points de vue différents.
Le mandat d’En Cohorte est directement lié à l’exploration de la rencontre et à la transformation que celle-ci opère en chacun de nous. Rencontre de l’autre, des lieux, des langues, des cultures, du public et des différents médiums artistiques. Plus précisément, notre investigation se lie à notre expérience de transformation ontogénétique. Nous tâchons de donner à voir, par la mémoire du corps vivant, comment ces rencontres nous ont transformées, ont transformé notre perception de nous-mêmes et inévitablement, ont modifié la relation à l’autre. Nous croyons en la charge que peuvent porter les objets, les discours, les lieux, et sommes conscientes que pour chaque voyage nous transportant loin au dehors de nous, il y a un chemin inverse nous permettant de voyager loin à l’intérieur de nous.
Pour nous, la fonction de l’art est intimement liée à la communication, et donc la manifestation artistique n’existe que lorsqu’elle est perçue par les sens ; lue psychologiquement, intellectuellement ou émotionnellement. C’est pourquoi une place importante dans notre travail est accordée à la perception du public, du témoin. Par de multiples moyens, leurs perceptions, aussi nombreuses qu’il y a d’individus, deviennent partie intégrante de chaque œuvre du collectif. Que ce soit en rencontrant le public dans des endroits quotidiens pour lui, en lui donnant un outil pour exercer une influence sur la performance, en lui demandant de se positionner et de trouver son point de vue sur ce qu’il perçoit, ou en utilisant l’improvisation, nous souhaitons ardemment donner droit à chacun d’avoir un point de vue personnel sur l’oeuvre. Pour nous, cette désacralisation est un engagement social, une démocratisation.